Dans l’univers foisonnant du cinéma japonais, *11 Rebels* (2024), réalisé par Kazuya Shiraishi, s’impose comme une fresque épique et sanglante, puisant dans l’héritage des grands films de samouraïs tout en y insufflant une modernité audacieuse. Situé durant la guerre de Boshin (1868-1869), ce long-métrage de 2h35 nous plonge au cœur d’un Japon déchiré, où les loyautés vacillent et où l’honneur se confronte à la trahison. Adapté d’un scénario inédit de Kazuo Kasahara, écrit en 1964 et oublié pendant six décennies, le film ressuscite avec brio une histoire de rédemption et de sacrifice.

L’intrigue suit un escadron hétéroclite de onze criminels, condamnés à mort, recrutés pour défendre une forteresse isolée contre l’armée impériale. Menés par Masa (Takayuki Yamada), un paysan emprisonné pour avoir vengé l’honneur de sa femme, et Washio (Taiga Nakano), un samouraï idéaliste, ces rebelles improbables oscillent entre méfiance mutuelle et camaraderie naissante. Chaque personnage, bien que parfois esquissé rapidement, apporte une touche unique : du joueur charismatique Akani à Natsu, une femme brisée par la perte de son enfant, en passant par Noro, un jeune homme à l’esprit simple mais au talent explosif. Cette diversité crée une dynamique captivante, où l’humour noir et les moments d’émotion s’entrelacent.

Visuellement, *11 Rebels* est un régal. Les paysages du Japon du XIXe siècle, capturés par le chef opérateur Naoya Ikeda, alternent entre soleil éclatant et pluies torrentielles, amplifiant l’intensité des combats. Les scènes d’action, brutales et chorégraphiées avec précision, évoquent les grandes heures d’Akira Kurosawa tout en flirtant avec l’exubérance gore de Takashi Miike. Les membres sectionnés et les gerbes de sang ponctuent des affrontements haletants, souvent sur un pont de corde branlant, symbole précaire de leur lutte. Pourtant, le film ne se contente pas de violence : il explore les thèmes de l’injustice et de la manipulation, dénonçant les abus de pouvoir des élites samouraïs.

Malgré une durée conséquente, le rythme ne faiblit pas, porté par des dialogues ciselés et une intrigue politique complexe mais accessible. Certains regretteront un manque de profondeur pour quelques personnages secondaires ou une fin douce-amère qui divise. Cependant, ces défauts mineurs n’entachent pas l’expérience globale. *11 Rebels* séduit par son équilibre entre spectacle et réflexion, entre hommage aux classiques comme *Les Sept Samouraïs* et une critique moderne de la caste guerrière.
Présenté en ouverture du Festival international du film de Tokyo 2024, le film a conquis le public par son énergie et sa sincérité. Avec des performances remarquables, notamment de Yamada et Nakano, et une production soignée, *11 Rebels* s’adresse autant aux amateurs de films d’action qu’aux passionnés d’histoire. Un voyage épique à ne pas manquer, qui rappelle que le cinéma japonais reste une force indomptable.[](https://en.wikipedia.org/wiki/11_Rebels)[](https://www.bfi.org.uk/sight-and-sound/reviews/11-rebels-long-bloody-uncompromising-samurai-action-cinema)[](https://variety.com/2024/film/festivals/11-rebels-review-1236194679/)