Un siècle après la mystérieuse disparition de George Mallory, l’un des alpinistes les plus célèbres de l’histoire, un trésor de lettres personnelles a été révélé, offrant un aperçu intime de sa vie, de ses amours et de sa périlleuse quête pour conquérir le mont Everest. Numérisées et rendues publiques par le Magdalene College de l’Université de Cambridge, où Mallory a étudié l’histoire de 1905 à 1909, ces écrits dévoilent les secrets d’un homme dont l’ambition et le destin tragique continuent de captiver le monde.

Né à Mobberley, dans le Cheshire, George Mallory est devenu une légende non seulement pour ses ascensions audacieuses, mais aussi pour sa réponse emblématique à un journaliste qui lui demandait pourquoi il voulait gravir l’Everest : « Parce qu’il est là. » Ses mots incarnaient l’esprit d’aventure brut et inflexible. Cependant, son histoire prit fin dans le mystère lorsqu’il disparut lors d’une expédition sur l’Everest en 1924 avec son partenaire d’alpinisme, Andrew Irvine. Pendant 75 ans, le sort de Mallory resta inconnu jusqu’en 1999, lorsqu’une expédition retrouva son corps, mystérieusement préservé dans la neige à seulement 600 mètres sous le sommet de l’Everest. Son badge nominatif était toujours attaché à ses vêtements, une ficelle serrée autour de sa taille, et dans la poche de sa veste, un recueil de lettres, désormais conservé dans ces archives historiques, offrait un aperçu saisissant de ses derniers jours.
La collection numérisée, disponible gratuitement sur le site web du Magdalene College, se concentre sur la correspondance sincère entre Mallory et sa femme, Ruth, de leurs fiançailles en 1914 jusqu’à sa mort en 1924. Parmi ces lettres figure la dernière lettre poignante qu’il écrivit avant sa tentative fatale d’ascension. « Ma chérie, je te souhaite le meilleur, que ton anxiété disparaisse avant que tu n’apprennes ceci, avec la meilleure nouvelle, qui sera aussi la plus rapide », écrivait-il. « C’est 50 contre un contre nous, mais nous serons toujours fiers. » Ces mots, empreints d’espoir et de pressentiment, révèlent un homme conscient des probabilités, mais animé d’une détermination inébranlable.

Les archives contiennent également les réflexions de Mallory sur ses précédentes expéditions sur l’Everest. En 1921, il entreprit une mission de reconnaissance pour cartographier la montagne intacte, suivie d’une seconde tentative en 1922 qui se termina tragiquement. Une avalanche emporta huit Sherpas, une perte dont Mallory endossa la responsabilité, pesant lourdement le poids de leur mort sur ses écrits. Ces lettres dressent le portrait saisissant d’un homme aux prises avec l’ambition, la culpabilité et l’attrait incessant du plus haut sommet du monde.
Katy Green, l’archiviste du Magdalene College qui a travaillé sur la numérisation, a décrit l’expérience comme profondément émouvante. « Ce fut un réel plaisir de travailler avec ces lettres », a-t-elle déclaré. « Que Ruth raconte l’envoi des gâteaux aux prunes et d’un pomelo vert de George aux tranchées ou son dernier mot déchirant reconnaissant la probabilité de 50 contre 1, ces écrits offrent un regard profondément personnel sur un ancien élève du Magdalene dont l’héritage a été légué. »

La découverte du corps de Mallory en 1999, rapportée par le BBC World Service, a relancé des débats qui faisaient rage depuis des décennies : Mallory et Irvine ont-ils atteint le sommet de l’Everest avant leur mort ? Le corps d’Irvine n’a jamais été retrouvé, et la question de son succès demeure l’un des plus grands mystères de l’alpinisme. Cependant, les lettres récemment révélées font plus qu’alimenter les spéculations : elles humanisent une légende, capturant l’amour, le courage et le sacrifice d’un homme qui a osé l’impossible.
Alors que le monde célèbre le centenaire de la mort de Mallory, ces lettres témoignent de sa persévérance. Elles nous invitent à pénétrer dans son univers, à ressentir le froid des pentes de l’Everest, le poids de ses choix et l’amour qui le liait à son foyer, même lorsqu’il s’aventurait vers l’inconnu.