vertissement : Cet article examine des événements historiques liés à des crimes de guerre et à des marches forcées ayant entraîné d’importantes pertes en vies humaines. Il vise à sensibiliser aux conséquences des actions militaires et à l’importance de la responsabilisation, et peut être perturbant pour certains lecteurs.
Masaharu Homma (1887-1946), général japonais durant la Seconde Guerre mondiale, commanda la 14e armée lors de l’invasion des Philippines et supervisa la tristement célèbre Marche de la mort de Bataan en 1942. Cette marche, qui impliqua 75 000 prisonniers de guerre américains et philippins, entraîna la mort d’environ 10 000 personnes, victimes de famine, de maladies et d’exécutions.
Condamné pour crimes de guerre par un tribunal militaire américain à Manille, Homma fut fusillé le 3 avril 1946. Cette analyse, fondée sur des sources historiques vérifiées telles que les Archives nationales américaines et les comptes rendus du procès, offre un aperçu objectif de la vie de Homma, de sa carrière militaire, de son rôle dans la campagne des Philippines et de son procès, afin d’alimenter le débat sur les droits humains et les dangers de la discrimination en temps de guerre.

Jeunesse et éducation militaire
Masaharu Homma naquit le 27 novembre 1887 à Sado, au Japon, dans une famille profondément ancrée dans la tradition militaire. Il sortit diplômé de la 19e promotion de l’Académie militaire impériale japonaise en mai 1907, où il excella en stratégie et en commandement. Trois ans plus tard, il acheva sa formation à la 27e promotion de l’École d’état-major de l’armée de terre, perfectionnant ainsi ses compétences tactiques avancées.
La maîtrise de l’anglais et l’admiration pour la culture occidentale qui caractérisaient Homma le distinguaient. Il étudia à l’université d’Oxford, fut attaché militaire au Royaume-Uni pendant huit ans et reçut la Croix militaire du Corps expéditionnaire britannique en France durant la Première Guerre mondiale (1914-1918). Surnommé le « Poète du Shogun » pour ses poèmes et peintures de guerre, Homma alliait rigueur militaire et sensibilité artistique, offrant une vision nuancée de l’Occident.
carrière d’avant la Seconde Guerre mondiale

Entre les deux guerres mondiales, Homma se consacra à la diplomatie et au commandement. De 1919 à 1927, il servit à Londres, approfondissant ses liens culturels. À son retour au Japon, il commanda des régiments d’infanterie et étudia à l’École de guerre de l’armée japonaise. Dans les années 1930, alors que le Japon poursuivait son expansion (invasion de la Mandchourie en 1931 et escalade des conflits avec la Chine), Homma fut promu général de division en 1937 et participa à la seconde guerre sino-japonaise.
Malgré son affinité pour l’Occident, Homma s’est aligné sur les ambitions impériales, commandant des divisions en Chine et prônant un traitement humain dans sa propagande, même si les réalités de la guerre contredisaient souvent cela.
La campagne des Philippines et la marche de la mort de Bataan
Le théâtre d’opérations du Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale a débuté avec l’attaque japonaise sur Pearl Harbor le 7 décembre 1941. Homma a mené l’invasion des Philippines par la 14e armée le 8 décembre 1941, s’emparant de Manille le 2 janvier 1942. Face à une farouche résistance philippino-américaine, ses forces ont repoussé les troupes alliées jusqu’à la péninsule de Bataan.

Après la chute de Bataan le 9 avril 1942, Homma ordonna la reddition de 75 000 prisonniers (12 000 Américains et 63 000 Philippins) et leur convoya à pied les 105 kilomètres qui les séparaient du camp O’Donnell. Faute de ravitaillement, les gardes maltraitèrent les prisonniers, entraînant la mort de 10 000 d’entre eux, victimes d’épuisement, de malnutrition, de maladies ou d’exécutions. Homma prétendit ignorer la situation et rejeta la faute sur ses subordonnés, mais les preuves présentées au tribunal démontrèrent sa négligence.
Cette marche symbolise la brutalité japonaise, suscitant l’indignation internationale et des appels à la responsabilité.
Procès et exécution d’après-guerre
Le Japon capitula le 2 septembre 1945. Homma fut arrêté en septembre 1945 et jugé au tribunal des crimes de guerre de Manille du 3 janvier au 11 février 1946, en tant que premier criminel de guerre de classe A poursuivi en dehors de Nuremberg.
Accusé de violations des lois de la guerre, notamment de meurtre et de traitements inhumains, le tribunal examina les témoignages des survivants, les archives japonaises et les dépêches de Homma. Il plaida l’indépendance de ses subordonnés, mais les preuves, notamment son omission d’enquêter sur les rapports, le condamnèrent le 11 février 1946. Condamné à mort, ses appels furent rejetés.
Le 3 avril 1946, à l’âge de 58 ans, Homma fut fusillé à Los Baños, dans l’État de Laguna. Ses dernières paroles furent : « Je suis toujours avec l’Empereur. » L’exécution, retransmise en direct, marqua le début de la justice d’après-guerre.
Héritage et réflexion

Le procès d’Homma a créé un précédent en matière de poursuites contre des commandants pour les crimes de leurs subordonnés, influençant ainsi les procès de Tokyo. Son éducation occidentale contrastait fortement avec son rôle en temps de guerre, soulignant la suppression des valeurs personnelles par l’idéologie. Le souvenir de la Marche de la Mort de Bataan perdure dans des monuments commémoratifs tels que le Monument historique de la Marche de la Mort de Bataan.
Les historiens débattent de la culpabilité de Homma (certains le voient comme une victime du système, d’autres comme un complice), mais le verdict du tribunal a affirmé la responsabilité du commandant.
La vie de Masaharu Homma (d’officier cultivé à superviseur de Bataan, puis exécution en 1946) illustre la complexité morale de la guerre. Son procès a mis en lumière la responsabilité des auteurs d’atrocités ayant coûté la vie à 10 000 personnes et a suscité une réflexion sur les violations des droits humains. Pour les passionnés d’histoire, le destin d’Homma exige un hommage aux victimes, une réflexion sur les dangers de la discrimination et un engagement envers un leadership éthique. En étudiant des sources fiables, nous honorons le passé et œuvrons à un monde libéré de telles horreurs.