La Formule 1, ce théâtre de vitesse et de stratégie, est secouée par une tempête qui ne se déroule pas sur la piste, mais dans les coulisses de son instance dirigeante, la Fédération Internationale de l’Automobile (FIA). Une nouvelle démission fracassante, celle de Robert Reid, vice-président pour le sport, a jeté de l’huile sur un feu qui couve depuis des mois. Ajoutez à cela des critiques cinglantes sur la gouvernance de Mohammed Ben Sulayem, président de la FIA, et vous obtenez une crise qui menace la stabilité de la discipline reine du sport automobile. Alors, que se passe-t-il vraiment au sommet de la FIA, et quelles conséquences cela pourrait-il avoir pour la saison 2025 ? Plongeons dans ce feuilleton haletant.

Tout a explosé ce jeudi 10 avril 2025, à la veille du Grand Prix de Bahreïn, première manche d’une saison très attendue. Robert Reid, figure respectée du sport automobile et bras droit de Ben Sulayem depuis son élection en 2021, a claqué la porte avec une déclaration incendiaire. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, Reid a dénoncé une « rupture fondamentale des normes de gouvernance » au sein de la FIA, pointant du doigt des décisions prises « sans procédure régulière ni consultation appropriée ». Il a ajouté qu’il ne pouvait plus, en son âme et conscience, rester dans un système qui trahit les principes de transparence et de collaboration. Ce départ n’est pas un incident isolé : il s’inscrit dans une série de démissions qui ébranlent l’organisation depuis plus d’un an.
Reid n’est pas le premier à tirer la sonnette d’alarme. En décembre 2023, Steve Nielsen, directeur sportif, avait quitté son poste après moins d’un an, frustré par son incapacité à réformer la gestion des courses. Deborah Mayer, responsable de la commission pour l’inclusion des femmes, avait également jeté l’éponge, tandis que des tensions avec des figures comme David Richards, président de Motorsport UK, avaient révélé des fissures profondes. Plus récemment, les pilotes eux-mêmes, via leur association (GPDA), ont exprimé leur exaspération face à des décisions jugées arbitraires, comme les sanctions pour des propos jugés inappropriés ou des pénalités inconsistantes en piste. George Russell, directeur du GPDA, n’a pas mâché ses mots avant le Bahreïn : « Les choses vont dans une direction instable, et nos actions ont peu d’impact. »

Au cœur de cette tourmente se trouve Mohammed Ben Sulayem, dont le mandat est de plus en plus contesté. Accusé de manquer de transparence, il a multiplié les polémiques : des déclarations maladroites sur des sujets sensibles, une gestion autoritaire des règlements, et même une enquête controversée contre Toto et Susie Wolff en 2023, perçue comme une vendetta personnelle. Sa volonté d’imposer des règles strictes, comme l’interdiction des jurons en radio, a irrité les pilotes, qui y voient une atteinte à leur liberté d’expression. Max Verstappen, quadruple champion du monde, a résumé le sentiment général : « On veut courir, pas jouer aux politiciens. »
Cette crise ne se limite pas à des querelles internes. Les décisions de la FIA ont des répercussions directes sur la piste. En 2025, l’introduction de l’intelligence artificielle pour assister les commissaires dans leurs jugements a suscité des débats. Si l’objectif est d’améliorer la sécurité et l’équité, certains craignent que cette technologie ne réduise la dimension humaine de la F1. Par ailleurs, des changements réglementaires, comme l’obligation pour les voitures partant des stands de rejoindre le tour de formation, visent à combler des failles exploitées par les équipes, mais leur mise en œuvre reste scrutée. À Bahreïn, les nouvelles règles sur les ailerons arrière, avec des tests de déflexion plus stricts, promettent déjà des controverses, notamment après les soupçons visant McLaren à Suzuka.
Pour les fans, cette instabilité est inquiétante. La F1 repose sur un équilibre délicat entre pilotes, équipes, organisateurs et instances dirigeantes. Si la confiance en la FIA s’effrite, c’est toute la crédibilité du sport qui vacille. Les démissions en cascade et les critiques de figures comme Reid soulignent un malaise profond : la FIA semble déconnectée des réalités du paddock. Les équipes, menées par des patrons comme Christian Horner ou Toto Wolff, pourraient pousser pour des réformes, voire exiger un changement de leadership. Mais Ben Sulayem, connu pour son inflexibilité, cédera-t-il sous la pression ?
Alors que les moteurs vrombissent à Sakhir, une question plane : la FIA peut-elle se relever de cette crise avant qu’elle ne paralyse la F1 ? Pour l’instant, le Grand Prix de Bahreïn sera un test crucial, non seulement pour les pilotes comme Verstappen, Norris ou Leclerc, mais aussi pour une instance qui joue sa légitimité. Robert Reid a peut-être tiré sa révérence, mais son départ résonne comme un appel à l’action. La balle est dans le camp de la FIA, et le monde de la F1 retient son souffle. Et vous, pensez-vous que la FIA saura reprendre le contrôle, ou assistons-nous au début de la fin pour Ben Sulayem ? Une chose est sûre : en Formule 1, le drame ne s’arrête jamais.